Lien du souvenir
Mémorial recensant les noms des victimes juives de la dictature nazie, qui ont vécu sur l’ancien territoire du bassin de la Sarre. Mais aussi à la mémoire des victimes juives ne figurant pas sur le mémorial, car leur destin personnel n’a pu être retracé.
Un monument / mémorial moderne sur le parvis de la synagogue
Afin de recenser les victimes juives de la dictature nazie, ayant vécu en Sarre, et de transmettre le souvenir de leur déportation et de leur extermination aux générations suivantes, le Land de Sarre et la Ville de Sarrebruck ont décidé, en concertation avec la Communauté israélite de Sarre, d’édifier sur le parvis de la synagogue de Sarrebruck, rénové en 2018, un monument / mémorial moderne dont la mission est de devenir un lieu central de mémoire en Sarre.
Le Land de Sarre et la Ville de Sarrebruck se sont partagés les coûts du projet à parts égales.
Parmi les 98 candidatures déposées en 2019, dans le cadre d’un concours ouvert et anonyme, accessible aux artistes (hommes et femmes), celle du groupe d’artistes Mannstein + Vill Berlin a été sélectionnée.
Le projet lauréat séduit par son esthétique et sa manière filigranée et sobre de transcrire les noms des victimes sarroises de l’Holocauste et de remplir ainsi une exigence fondamentale du concours. Dans l’état actuel des connaissances, leur nombre s’élève à près de 2 000.
Informations sur la sculpture
Une bande d’acier inoxydable avec une liste des 1 928 victimes
Épousant la forme d’un mur transparent et « oscillant », d’une superficie totale d’environ 8 x 3 m, la sculpture est constituée d’une bande d’acier inoxydable légèrement inclinée et plusieurs fois incurvée dans laquelle il est possible de pénétrer. Sur cette bande déroulée, d’une longueur de près de 15 m et d’une hauteur de près de 2,60 m, les lettres et les chiffres qui composent les noms, dates de naissance et de mort et lieux de la mort des victimes sont fraisés exclusivement au laser.
Cette sculpture recense les femmes, hommes et enfants de confession juive, qui ont vécu sur l’ancien territoire du bassin de la Sarre, puis ont été déportés et exterminés. Par là même, elle renoue non seulement avec le mémorial sarrois de l’Holocauste « La forêt interrompue », créé par Ariel Auslender et installé sur la Place Rabbin Rülf, aménagée en 2013, mais elle vient en quelque sorte le parachever. Car à cet endroit, on avait au départ envisagé de transmettre le souvenir par un recensement des victimes – un projet qui à l’époque n’avait pu être réalisé.
Conçue comme monument visible, présent en permanence devant la synagogue (à l’opposé du mémorial invisible, créé par Jochen Gerz et inauguré en 1993, Place du château à Sarrebruck), cette sculpture documente, sans l’énoncer formellement, le nombre élaboré avec minutie jusqu’en 2021 des victimes qui ont vécu sur le territoire sarrois et tissé des liens avec lui.
Les Archives municipales de la Ville et le Service des Monuments historiques de la Sarre ont collecté les données
Qui sont les victimes ?
Les données des victimes ont été collectées en 2019 et 2020 par les Archives municipales de la Ville de Sarrebruck et le Service des Monuments historiques de la Sarre, avec le soutien des Archives du Land de Sarre. La liste des victimes fournie par la Communauté israélite de Sarre ainsi que les travaux préliminaires de l’Association DenkmalMit! ont servi de base de recherche. Jusqu’au début de l’année 2021, une liste de morts, constituée de 1 928 blocs de données, a pu être établie.
Ces blocs de données sont transcrits par ordre alphabétique sur le mémorial et séparés les uns des autres par deux traits verticaux.
La liste recense non seulement les victimes qui ont été exterminées dans les camps de concentration ou bien déportées dans un lieu inconnu, « à l’Est », et sont donc portées disparues, mais aussi les personnes qui lors de leur émigration se sont engagées comme soldats ou combattants dans la résistance et ont été tuées, celles qui en raison des privations et souffrances vécues pendant leur évasion et leur vie en cachette sont décédées dans l’illégalité, ainsi que celles qui se sont donné la mort pour mettre fin aux violences qu’elles subissaient.
Dans de nombreux cas, la date exacte de la mort des victimes reste inconnue. Si aucun document ultérieur ne la mentionne, c’est la date de déportation qui fait office de date de la mort.
Les auteurs de la liste ont dû aussi fixer les conditions à remplir pour être « Sarrois ». De nombreuses victimes n’étaient pas originaires de Sarre, mais venaient pour la plupart d’Europe de l’Est. De plus, une nouvelle vague d’émigration a vu le jour dès les premières poursuites menées sous le troisième Reich.
Après avoir procédé à un examen scrupuleux, les chercheurs ont décidé de considérer comme Sarrois les citoyennes et citoyens de confession juive, qui, preuve à l’appui, avaient vécu au moins un an sur l’ancien territoire du bassin de la Sarre. Les enfants nés au cours de l’émigration ont été également pris en ligne de compte.
De toute évidence, la recherche d’éventuelles victimes ne peut être close. C’est pourquoi, la liste des victimes figurant sur le mémorial n’est en aucun cas exhaustive, mais documente seulement le résultat provisoire des recherches.